Alors que 48% des salariés français se trouvent en situation de détresse psychologique*, de plus en plus d’entreprises placent la santé mentale au cœur de leur politique RH.
Mais la route est encore longue. Chahutée entre tabous et idées reçues, située à la frontière du pro et du perso, la santé mentale reste un sujet sensible, trop souvent associée uniquement à la souffrance et au stress.
Gilles Meyer, expert en santé mentale positive, nous livre ici 5 conseils concrets pour passer à l'action et transformer notre approche du bien-être au travail.
Conseil n°1. Bien définir la santé mentale (pour clarifier le cadre de vos actions)
Quand on parle de santé mentale en entreprise, on restreint souvent le sujet aux problèmes de stress, burn-out, anxiété... Mais la réalité est bien plus riche et moins associée à la souffrance. L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) propose une définition précise de la santé mentale qui est "un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté".
Cette définition distingue deux pans complémentaires. D'un côté, la santé mentale positive : tout ce qui renforce notre bonne forme mentale, notre capacité à nous épanouir et à faire face aux défis quotidiens. De l'autre, la réduction de la souffrance : la prévention et le traitement des troubles mentaux.
C'est comme une balance : d'un côté on renforce le positif, de l'autre on réduit le négatif. Les deux aspects sont indissociables et également importants pour construire une approche efficace.
Conseil n°2. Intégrer la (co)responsabilité de l’entreprise sur le sujet
La question de la responsabilité de l’entreprise est souvent évoquée par les RH, face à un sujet situé à la frontière du pro et du perso. Les organisations doivent pourtant se positionner sur le sujet pour mieux accompagner leurs salariés - qui sont bien sûr les seuls à pouvoir agir in fine.
L’entreprise ne peut pas développer la santé mentale des collaborateurs à leur place. C'est trop personnel et subjectif. Ceci étant dit, l'entreprise a un rôle clé à jouer : créer les conditions favorables à la bonne santé mentale. Elle doit mettre en place le cadre, définir les règles. Elle peut aussi proposer des ressources, mettre en relation avec des professionnels de santé lorsque cela est nécessaire.
Cette co-responsabilité est la clé. L'entreprise ne peut pas rester inactive face aux enjeux de santé mentale. Mais elle ne peut pas tout gérer non plus. Le collaborateur est le seul à pouvoir se saisir des outils et ressources mis à sa disposition. C'est un nouveau paradigme : l'entreprise ouvre la porte, le collaborateur franchit le pas.
Conseil n°3. Renforcer le positif pour prévenir le négatif
Comme le dit l’OMS, la santé mentale inclut deux pôles d'action qui sont complémentaires. Le premier concerne la bonne forme mentale des collaborateurs, tandis que le second s'attache à réduire la souffrance quand des troubles apparaissent.
Placer la santé mentale positive en point de départ va donner une tonalité différente à toute la stratégie et va contribuer à prévenir les pépins futurs. C'est comme au rugby : pourquoi les joueurs passent-ils quatre jours par semaine à la musculation ? D'abord pour être au top pendant le match - aller plus vite, plaquer plus fort, sauter plus haut. Mais ce faisant, ils vont éviter les blessures. Plus ils sont musclés, moins ils se blessent.
La santé mentale suit la même logique. En renforçant le positif, vous prévenez naturellement le négatif. Cette approche – en complément des actions de prévention et traitement de la souffrance mentale - permet d'aller au-delà du burn-out et de la détresse psychologique. Pour les RH, ça change tout, plus besoin de tourner autour du pot. On peut enfin parler de santé mentale sans tabou.
Conseil n°4. Capitaliser sur l’existant
La plupart des entreprises mettent en place des initiatives qui contribuent au bien-être mental, même si elles ne les identifient pas comme telles.
Vous proposez des séances de méditation ? Des formations sur la gestion du stress ? Des ateliers sur le mindset ? Félicitations, vous faites déjà de la santé mentale positive. L'enjeu maintenant est d'identifier ces initiatives, de les valoriser et de les enrichir pour construire une véritable stratégie de santé mentale positive.
Cette approche permet de capitaliser sur l'existant plutôt que de tout réinventer, ce qui est souvent plus efficace et plus facilement accepté par les équipes.
Conseil n°5. Miser sur des petites actions, au quotidien.
Pas besoin de tout révolutionner du jour au lendemain. La clé du succès réside dans la mise en place de petites actions concrètes et régulières.
Si par exemple, une source de bien-être identifiée par votre équipe est la suppression des “parasites” d'énergie dans votre journée (notifications incessantes, réunions qui s'enchaînent, mails consultés tard le soir, etc.), il faut choisir un aspect sur lequel agir et mettre en place une action simple.
Les plans d’actions doivent être concrets et réalisables. Ces petits changements, appliqués régulièrement, peuvent avoir un impact significatif sur votre bien-être mental.
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En 2024, alors que 42% des travailleurs sont en état de détresse psychologique*, ces conseils prennent tout leur sens. La santé mentale positive n'est pas une baguette magique, mais une approche concrète pour construire un environnement de travail plus sain. Elle nous rappelle que prendre soin de sa santé mentale n'est pas un luxe, mais une nécessité. Pour profiter d'autres conseils, n'hésitez pas à vous abonner à la newsletter de Gilles Meyer.
*Selon le baromètre Empreinte Humaine x OpinionWay publié en septembre 2024.
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